1 février 2014

Origines

Pour bien comprendre les origines du Karaté, il faut situer l’île d’Okinawa. C’est l’île principale des îles Ryūkyū, située entre l’île de Taïwan, le Japon et la Chine. L’archipel compte environ 70 îles.

 

Carte du Japon

Carte du Japon

 

Dès le xe siècle, la Chine entretient des rapports diplomatiques et commerciaux avec les îles Ryūkyū, alors royaume indépendant. De nombreux Chinois se rendent à Okinawa pour y faire du commerce. Parmi eux, certains pratiquent différents styles de boxe chinoise notamment le Shaolin . À cette époque, Okinawa était une des principales sources de production du soufre, élément indispensable à la fabrication de la poudre que les Chinois maîtrisaient.

En 1372, Satto, roi de Chūzan, fit allégeance à l’Empereur de Chine, de la dynastie des Ming. Les relations culturelles et commerciales entre la Chine et l’archipel devinrent alors plus étroites. C’est vers cette époque que les premières formes antiques de katas seront transmises par des experts chinois, par exemple Passai.

À partir du xvie siècle, et ce jusqu’au xixe siècle, cette île fut le théâtre de conflits entre le Japon et la Chine (en 1609, le Japon envahit l’archipel). Tour à tour, ces deux pays ont donc imposé leur souveraineté sur l’archipel. À chaque fois l’envahisseur instaura une domination militaire, interdisant toute arme, afin d’éviter les rébellions.

C’est ce qui explique un tel développement des techniques de combat à mains nues, ainsi que l’utilisation d’ustensiles de la vie quotidienne en tant qu’armes (les Kobudō).

Ces techniques étaient alors transmises secrètement, la nuit, de Maîtres à disciples, dans les jardins clos des maisons des « Maîtres » (Senseï).

Les entraînements étaient basés uniquement sur l’efficacité, ne laissant aucune place au spectaculaire ou à l’esthétique.

Ce sont donc les habitants d’Okinawa qui ont donné naissance à cette méthode de combat à mains nues, appelée par la suite « Karaté« .

Ces techniques de combat se sont développées principalement à Naha, aujourd’hui devenue la principale ville d’OkinawaNaha, ville portuaire, était surtout peuplée de marins, de « dockers », et de commerçants.

Les techniques qui se sont développées à Naha, étaient basées sur la respiration abdominale forcée, avec des mouvements circulaires courts mais puissants, donnant naissance au Naha-te (main de Naha), devenu Shorei-ryū.

Carte Okinawa

Carte Okinawa

 

L’avènement du Shorin-Ryu

Sōkon Matsumura (1809  1896), issu de la noblesse locale, commença l’apprentissage du Shuri-te à l’âge de 10 ans, sous la férule de « Tode Sakugawa« , il fut son dernier disciple. Il devint son successeur.

Ses qualités de combattant étaient si exceptionnelles qu’il devint très rapidement, à l’âge de 19 ans, le responsable et instructeur de la garde du palais de Shuri (résidence des rois d’Okinawa) et garde du corps personnel du Roi.

Il avait un très grand esprit de recherche, et travailla beaucoup pour développer son art.

Il s’entraîna avec un marin chinois du nom de « Chintō« , et créa un kata en son honneur. Il travailla aussi avec d’autres maîtres chinois.

Il systématisa son art pour pouvoir l’enseigner, et y introduisit les katas Kushanku (en référence à l’un des 2 maîtres de Sakugawa), et Hakutsuru(Grue Blanche), que Sakugawa lui avait enseignés, et créa outre Chintō, les katas Passaï et Gojushiho (54 pas), entre autres.

Il créa aussi le kata Naïhanchi, pour renforcer le corps et permettre de développer la stabilité du combattant debout et son équilibre dans des déplacements rapides.

Tous les styles de karaté modernes, sans aucune exception sont issus de son enseignement.

Il eut de nombreux disciples, dont plusieurs furent très éminents, en particulier Itosu Ankō, son successeur officiel, qui jeta les bases du développement du karaté tel que nous le connaissons aujourd’hui, et qui est le « vrai » père du karaté moderne. Il contribua à la propagation de la pratique du karaté Shorin-Ryu en le rendant obligatoire dans toutes les écoles primaires de l’archipel.

Les personnalités marquantes du Shorin-Ryu

Anko Itosu

Anko Itosu

Choki Motobu

Choki Motobu

Shoshin Nagamine

Shōshin Nagamine

Spécificités du Shorin-Ryu

La particularité du Shōrin-ryū réside dans la finesse et la maitrise des blocages, ainsi que dans la rapidité des déplacements, tant en esquive, qu’en riposte ou en attaque. Ce style met donc en avant la maîtrise de la technique plutôt que la puissance engagée. Le perfectionnement des techniques passe par un travail approfondi des katas. Les postures (dachi) sont relativement hautes, quasi naturelles, et souples, pour permettre des déplacements fluides et rapides. Les déplacements se font en préparant la posture suivante en positionnant la hanche pendant le déplacement pour que le blocage ou la frappe, associés à la vitesse, soit immédiatement les plus puissants possibles. La respiration y est naturelle et non forcée. Les techniques de frappes sont plus directes afin d’en maximiser la vitesse et l’efficacité.